vendredi 7 juin 2013

NATHALIE HENNEBERG


LA SECONDE MORT DE NATHALIE HENNEBERG
 
       Je ne pensais pas avoir à écrire ces lignes mais elles sont dues au fait que parmi les nombreux documents qui m'ont été dérobés récemment (du moins je le pense : il se pourrait que cela ait été une œuvre de longue haleine) et dont je vais entreprendre un inventaire complet figurent ceux concernant l'auteur des romans An Premier, Ere spatiale (Le Mur de la Lumière) et de La Plaie. Parmi ceux-ci, on peut compter les lettres de Jacques Van Herp sur la mort de sa collaboratrice et sur la genèse d'un de ses derniers romans écrits en collaboration avec elle, Le Khéroub, des lettres de Sœur Suzanne de Nazareth sur l'agonie de Nathalie Henneberg, une lettre de Yvonne Caroutch (auteur d'une biographie de Giordano Bruno et d'un roman : Le Gouvernement des Eaux), lettre dans laquelle elle me racontait comment elle l'avait rencontrée alors qu'elle était malade (elle perdait la vue) car elle l'admirait fort, et une lettre de Michel Bénâtre que j'avais pu joindre au sujet des romans et nouvelles qu'elle avait écrits pour la revue Satellite (entre autre Le Chant des Astronautes). 
 
       C'est la recherche de la lettre du directeur de Satellite, Michel Bénâtre, qui m'a permis de découvrir le pillage en règle de mes archives Henneberg. A noter que très peu de personnes étaient au courant de l'endroit ou elles étaient réunies. Ne la retrouvant pas je cherchais les lettres que j'avais intercalé entre d'autres documents dans des chemises plastifiées, celle d'Yvonne Caroutch manquait bien qu'il resta des photocopies de celle-ci, ce qui était demi-mal. En ce qui concerne la correspondance du Directeur du Masque SF, Jacques Van Herp, il manquait aussi les deux lettres dans lesquelles il m'expliquait pourquoi il n'avait pas pu s'occuper de Mme Henneberg à la fin de sa vie et où il me racontait sa collaboration avec elle alors qu'elle était à cours d'inspiration. C'était avant qu'il n'ait son accident qui le plongea dans le coma et l'obligea à se soigner. Sa mémoire altérée à l'époque fit qu'il oublia de nombreuses choses. Lorsqu'il revint au Masque, il découvrit la mort de Nathalie et son enterrement au cimetière de Thiais. Si je possédais le Khéroub, c'est parce que terminé avec difficulté, il en avait un exemplaire dont il me fit une copie, mais il ignorait que Nathalie Henneberg s'était remise à écrire ou écrivait peut-être en même temps un dernier roman, Les Cinq Danses de Nitocris dont elle ne lui parla jamais. 
 
      Dans les derniers temps de sa vie Nathalie Henneberg était devenu impotente et elle était aidé par une aide soignante, la sœur Suzanne de Nazareth que je parvins à retrouver dans un couvent de Normandie (encore que je n'ai pas remis la main sur son adresse puisque ses lettres avec l'enveloppe m'ont aussi été volées). Elle me décrivait les derniers jours de Nathalie avec beaucoup de tact : je n'en rendis pas plus compte dans ma biographie car je tenais à respecter la fin difficile de la romancière qui était devenue à la longue alcoolique et qui n'avait plus rien de ses héroïnes sylphides. Pendant de longues semaines, Sœur Suzanne veilla sur Nathalie lui remontant le moral et la soignant avec constance. La nuit de sa mort, à la suite d'une occlusion intestinale, elle n'était pas présente mais elle lui donna les derniers soins lorsqu'elle découvrit qu'elle avait quitté ce monde. Elle du revêtir l'imposant cadavre d'un immense peignoir. C'est ainsi que Nathalie parti rejoindre son époux, Charles, qu'elle avait tant associé à son œuvre comme en témoignait l'aide soignante qui me rapportait aussi ses conversations avec l'illustre malade. Qu'advient-il de ses archives personne le sait exactement : tout le monde était absent et la sœur de Nathalie Henneberg, Madame Barclay de Tolly, prévenue par l'agence Renault-Lenclud, ne put venir à ses obsèques car elle enterrait dans le même temps son propre époux. Le témoignage de Sœur Suzanne était très important et elle me donnait aussi des renseignements sur le médecin qui la soignait : je ne comprends pas qu'on ait pu le soustraire de mes propres archives. Je ne sais ce que cela rapportera à ceux qui ont commis cet acte. 
 
       Ce n'était pas la première fois que un larçin de ce genre était commis dans mes archives. La première lettre qui me fut dérobée, il y a déjà fort longtemps, fut celle de Suzanne Malaval à qui j'avais écris pour lui demander son témoignage car elle avait correspondu avec Nathalie Henneberg. Lorsque nous lui rendîmes visite, à Versailles et qu'elle chercha ces lettres, elle constata que celles-ci lui avait été dérobées. Selon ses dires, dans la lettre qu'elle m'avait adressé et qui avait provoqué ma visite, Nathalie racontait comme, elle avait été récompensé pour son courage par les légionnaires vaincus par les forces de libération anglaises. Suzanne Malaval nous signala que quelques temps avant que nous lui rendions visite, une équipe d’aficionados de la Sf lui avait rendu visite. Elle n'en dit pas plus mais nous comprîmes pourquoi nous ne pouvions plus les consulter. D'autres lettres, d'un intérêt moindre, ont aussi disparu. Par exemple celle d'un journaliste de la radio de France outremer, avec qui Nathalie avait fait des projets ou des interviews.
      Enfin j'avais aussi mené un certains nombre d'enquêtes et l'une d'entre elle auprès de l'Association des Médaillés de France où Charles Henneberg avait été administrateur et j'avais découvert qu'il y avait eu des critiques des livres publiées au fil des années depuis 1953 dans l'organe de cette association, le Journal des Médaillés de france et dont j'obtins des photocopies. Eh bien, j'avais fini par retrouver une partie de ces journaux sur les puces. Ces journaux font aussi partie des objets volés et il y en a encore d'autres. 
 
       Ce que je sais c'est que mon cœur est rempli de tristesse et de colère.
      J'ai veillé pendant de nombreuses années sur cette œuvre. J'ai racheté des manuscrits. J'en ai récupéré d'autres tels que Demain le Ciel (roman sur une Agence Européenne de l'Espace) auprès de Francis Valéri-Dostert qui le tenait des archives d'Alain Dorémieux, lequel avait soigneusement corrigé (rewrité) le manuscrit, ou encore un roman fantastique inachevé basé sur les spéculations du Matin des Magiciens de Jacques Bergier, auprès de Didier Reboussin qui lui avait apporté une conclusion assez importante et qui est devenu, récemment, le roman fantastique Hécate qui vient d'être publié. Enfin auprès de Jacques Van Herp le roman Le Khéroub qu'il m'adressa espérant qu'un jour il serait publié lui aussi. Enfin j'avais fait une enquête auprès de l'Association des Médaillés de France et j'avais découvert qu'il y avait eu des critiques des livres publiés au fil des années dans l'organe de cette association Le Journal des Médaillés de France. Ces journaux ont eux aussi été dérobés.
 
      Je n'ai pas hésité une seconde quand Didier Reboussin me demanda des copies de trois des manuscrits et je lui fis donc une copie intégrale des trois romans restés inédits dont le sien propre qu'il ne détenait plus. Je n'ai rien demandé pour moi-même ni pour le fait de les avoir gardés et protégés pendant si longtemps. Mais j'admets mal, aujourd'hui, de me trouver dépossédé de mon travail de patience et d'admiration pour l’œuvre de l'amie de Jacques Bergier, toutes choses que j'ai exprimé dans sa bio-bibliographie qu'on peut peut trouver complète dans un des numéros du nouveau Lunatique (Eons) et en postface du recueil de nouvelles Des Ailes dans la Nuit (Terres de Brume). 
 
      Mes correspondances sont personnelles et je ne peux souffrir d'en être privé. Je supporte mal d'avoir vu leur secret violé et peut-être livré sans mon autorisation qu'on a donc même pas sollicitée. D'où cette plainte sur mon blog. J'espère que ces lettres et documents fruits de mes recherches me seront restituées comme m'ont été restituées seulement une partie des photos volées antérieurement et dont certaines me manquent toujours actuellement pour travailler sur certaines chroniques que je voulais présenter sur ce blog.
      A ce moment-là, je me déferai de mes soupçons qui mettent à mal ma confiance et mes certitudes envers quelques personnes.
     Dernier point qui confine à la stupidité sinon à la méchanceté pure : les voleurs ont jugé bon d'effacer dans mon ordinateur, en pensant que je ne m'en rendrais pas compte (ni plus ni moins) et en maquillant la chose, le texte original du manuscrit que j'ai consacré à Nathalie Henneberg. Comme il a été publié, j'avoue qu'on doit vouloir m'embarrasser dans le cas où je trouverai un mécène qui me le paierai à prix d'or pour le publier une fois de plus.
Charles Moreau
Copyright mai 2013