LA SECONDE MORT DE NATHALIE HENNEBERG
Je ne pensais pas
avoir à écrire ces lignes mais elles sont dues au fait que parmi
les nombreux documents qui m'ont été dérobés récemment (du moins
je le pense : il se pourrait que cela ait été une œuvre de
longue haleine) et dont je vais entreprendre un inventaire complet
figurent ceux concernant l'auteur des romans An Premier,
Ere spatiale (Le Mur de la
Lumière) et de La Plaie.
Parmi ceux-ci, on peut compter les lettres de Jacques Van Herp sur
la mort de sa collaboratrice et sur la genèse d'un de ses derniers
romans écrits en collaboration avec elle, Le Khéroub,
des lettres de Sœur Suzanne de Nazareth sur l'agonie de Nathalie
Henneberg, une lettre de Yvonne Caroutch (auteur d'une biographie de
Giordano Bruno et
d'un roman : Le Gouvernement des Eaux), lettre
dans laquelle elle me racontait comment elle l'avait rencontrée
alors qu'elle était malade (elle perdait la vue) car elle l'admirait
fort, et une lettre de Michel Bénâtre que j'avais pu joindre au
sujet des romans et nouvelles qu'elle avait écrits pour la revue
Satellite (entre
autre Le Chant des Astronautes).
C'est la recherche
de la lettre du directeur de Satellite, Michel
Bénâtre, qui m'a
permis de découvrir le pillage en règle de mes archives Henneberg. A noter que très peu de personnes étaient au courant de l'endroit ou elles étaient réunies. Ne
la retrouvant pas je cherchais les lettres que j'avais intercalé
entre d'autres documents dans des chemises plastifiées, celle
d'Yvonne Caroutch manquait bien qu'il resta des photocopies de
celle-ci, ce qui était demi-mal. En ce qui concerne la
correspondance du Directeur du Masque SF,
Jacques Van Herp, il manquait aussi les deux lettres dans lesquelles
il m'expliquait pourquoi il n'avait pas pu s'occuper de Mme Henneberg
à la fin de sa vie et où il me racontait sa collaboration avec elle
alors qu'elle était à cours d'inspiration. C'était avant qu'il
n'ait son accident qui le plongea dans le coma et l'obligea à se
soigner. Sa mémoire altérée à l'époque fit qu'il oublia de
nombreuses choses. Lorsqu'il revint au Masque, il découvrit la mort
de Nathalie et son enterrement au cimetière de Thiais. Si je possédais le Khéroub, c'est parce que terminé avec difficulté, il en
avait un exemplaire dont il me fit une copie, mais il ignorait
que Nathalie Henneberg s'était remise à écrire ou écrivait peut-être en même
temps un dernier roman, Les Cinq Danses de Nitocris dont
elle ne lui parla jamais.
Dans les derniers temps de sa vie Nathalie Henneberg
était devenu impotente et elle était aidé par une aide soignante,
la sœur Suzanne de Nazareth que je parvins à retrouver dans un
couvent de Normandie (encore que je n'ai pas remis la main sur son
adresse puisque ses lettres avec l'enveloppe m'ont aussi été
volées). Elle me décrivait les derniers jours de Nathalie avec
beaucoup de tact : je n'en rendis pas plus compte dans ma
biographie car je tenais à respecter la fin difficile de la
romancière qui était devenue à la longue alcoolique et qui n'avait
plus rien de ses héroïnes sylphides. Pendant de longues semaines,
Sœur Suzanne veilla sur Nathalie lui remontant le moral et la
soignant avec constance. La nuit de sa mort, à la suite d'une
occlusion intestinale, elle n'était pas présente mais elle lui
donna les derniers soins lorsqu'elle découvrit qu'elle avait quitté
ce monde. Elle du revêtir l'imposant cadavre d'un immense peignoir.
C'est ainsi que Nathalie parti rejoindre son époux, Charles, qu'elle
avait tant associé à son œuvre comme en témoignait l'aide
soignante qui me rapportait aussi ses conversations avec l'illustre
malade. Qu'advient-il de ses archives personne le sait exactement :
tout le monde était absent et la sœur de Nathalie Henneberg, Madame
Barclay de Tolly, prévenue par l'agence Renault-Lenclud, ne put
venir à ses obsèques car elle enterrait dans le même temps son
propre époux. Le témoignage de Sœur Suzanne était très important
et elle me donnait aussi des renseignements sur le médecin qui la
soignait : je ne comprends pas qu'on ait pu le soustraire de mes
propres archives. Je ne sais ce que cela rapportera à ceux qui ont
commis cet acte.
Ce n'était pas la première fois que un larçin de ce genre était commis dans mes archives. La première lettre qui me fut dérobée, il y a déjà
fort longtemps, fut celle de Suzanne Malaval à qui j'avais écris
pour lui demander son témoignage car elle avait correspondu avec
Nathalie Henneberg. Lorsque nous lui rendîmes visite, à Versailles
et qu'elle chercha ces lettres, elle constata que celles-ci lui avait
été dérobées. Selon ses dires, dans la lettre qu'elle m'avait
adressé et qui avait provoqué ma visite, Nathalie racontait comme, elle avait été récompensé
pour son courage par les légionnaires vaincus par les forces de
libération anglaises. Suzanne Malaval nous signala que quelques
temps avant que nous lui rendions visite, une équipe d’aficionados
de la Sf lui avait rendu visite. Elle n'en dit pas plus mais nous
comprîmes pourquoi nous ne pouvions plus les consulter. D'autres
lettres, d'un intérêt moindre, ont aussi disparu. Par exemple celle
d'un journaliste de la radio de France outremer, avec qui Nathalie
avait fait des projets ou des interviews.
Enfin j'avais aussi mené un certains nombre
d'enquêtes et l'une d'entre elle auprès de l'Association des
Médaillés de France où Charles Henneberg avait été
administrateur et j'avais découvert qu'il y avait eu des critiques
des livres publiées au fil des années depuis 1953 dans l'organe de
cette association, le Journal des Médaillés de france et dont
j'obtins des photocopies. Eh bien, j'avais fini par retrouver une
partie de ces journaux sur les puces. Ces journaux font aussi partie
des objets volés et il y en a encore d'autres.
Ce que je sais c'est que mon cœur est rempli de
tristesse et de colère.
J'ai veillé pendant
de nombreuses années sur cette œuvre. J'ai racheté des manuscrits.
J'en ai récupéré d'autres
tels que Demain le Ciel
(roman sur une Agence Européenne de l'Espace) auprès de Francis
Valéri-Dostert qui le tenait des archives d'Alain Dorémieux, lequel
avait soigneusement corrigé (rewrité) le manuscrit, ou encore un
roman fantastique inachevé basé sur les spéculations du Matin
des Magiciens de Jacques
Bergier, auprès de Didier Reboussin qui lui avait apporté une
conclusion assez importante et qui est devenu, récemment, le roman
fantastique Hécate qui
vient d'être publié. Enfin auprès de Jacques Van Herp le roman Le
Khéroub qu'il m'adressa
espérant qu'un jour il serait publié lui aussi. Enfin j'avais fait
une enquête auprès de l'Association des Médaillés de France et
j'avais découvert qu'il y avait eu des critiques des livres publiés
au fil des années dans l'organe de cette association Le Journal des
Médaillés de France. Ces journaux ont eux aussi été dérobés.
Je n'ai pas hésité
une seconde quand Didier Reboussin me demanda des copies de trois
des manuscrits et je lui fis donc une copie intégrale des trois
romans restés inédits dont le sien propre qu'il ne détenait plus. Je n'ai rien demandé pour moi-même
ni pour le fait de les avoir gardés et protégés pendant si
longtemps. Mais j'admets mal, aujourd'hui, de me trouver dépossédé
de mon travail de patience et d'admiration pour l’œuvre de l'amie
de Jacques Bergier, toutes choses que j'ai exprimé dans sa
bio-bibliographie qu'on peut peut trouver complète dans un des
numéros du nouveau Lunatique (Eons) et
en postface du recueil de nouvelles Des Ailes dans la Nuit (Terres de Brume).
Mes correspondances
sont personnelles et je ne peux souffrir d'en être privé. Je
supporte mal d'avoir vu leur secret violé et peut-être livré sans
mon autorisation qu'on a donc même pas sollicitée. D'où cette
plainte sur mon blog. J'espère que ces lettres et documents fruits
de mes recherches me seront restituées
comme m'ont été restituées seulement une partie
des photos volées antérieurement et dont certaines me manquent
toujours actuellement pour travailler sur certaines chroniques que je
voulais présenter sur ce blog.
A ce moment-là, je me déferai de mes
soupçons qui mettent à mal ma confiance et mes certitudes envers
quelques personnes.
Dernier point qui
confine à la stupidité sinon à la méchanceté pure : les voleurs
ont jugé bon d'effacer dans mon ordinateur, en pensant que je ne
m'en rendrais pas compte (ni plus ni moins) et en maquillant la
chose, le texte original
du manuscrit que j'ai consacré à Nathalie Henneberg. Comme il a
été publié, j'avoue qu'on doit vouloir m'embarrasser dans le cas
où je trouverai un mécène qui me le paierai à prix d'or pour le
publier une fois de plus.
Charles Moreau
Copyright mai 2013