LA MORT D'UN ECRIVAIN DE ROMANS POPULAIRES
Le vendredi
3 octobre 1913, dans l'après-midi, le romancier bien connu, Pierre
Sales fit une chûte en glissant sur le trottoir dans la rue du Havre
ou Place du Havre, le lieu est différent selon les journaux, et Le
Siècle,
du 10 avril 1914
(n°
38841)
rappelant
l'incident en
première page, lors du décès,
indiqua
la rue Lafayette. Il se cogna donc le crâne et s'ouvrit le cuir
chevelu se faisant une plaie qui saigna abondamment. Des passants,
l'aidèrent à se relever et le conduisirent dans une pharmacie, non
loin de là, où les premiers soins lui furent donné pour arrêter
l'hémorragie. Peu après, on le mena à l'Hôpital Beaujon, où la
plaie fut soignée et où un pansement lui fut posé. Après quoi, il
put regagner son domicile. Des amis, émus par cet accident, dès
qu'ils en eurent l'occasion, lui rendirent visite et ils eurent la
satisfaction de le trouver à sa table de travail dans son bureau où
il les reçu comme si de rien était. A Beaujon, on lui avait
cependant recommandé le repos, mais cédant à son besoin
d'activité, il s'était remis à son travail ce qui acheva de
l'épuiser.
Cependant
cet accident ne fut, peut-être, pas sans conséquences. Le vendredi 10
avril à une heure du soir, de l'année 1914, il mourait à son domicile, (sur le coup
de 11h30 précisèrent les journalistes), au 7 rue Blanche où il résidait depuis vingt ans, des
suites d'une affection grippale. Il est vrai, qu'à cette époque, la
tuberculose et la grippe ravageaient l'armée et le pays. Les journaux
presque en totalité annoncèrent sa mort, sans s'étendre, se
contentant d'indiquer que les obsèques auraient lieu le samedi 11, à
deux heures, à l'église de la Trinité et que l'intéressé serait
inhumé au cimetière St Vincent. Le Gaulois
du 10 avril (n°13327) annonça cette mort en première page dans un
Bloc-Notes intitulé
« Romanciers
Populaires »,
signé Tout Paris. Ce
Bloc-notes signalait ainsi d'une manière lapidaire : « M.
Pierre Sales dont nous annonçons par ailleurs la mort prématurée,
s'était acquis par la publication de ses feuilletons, qui parurent
surtout dans le Petit Journal,
une renommée assez étendue et la faveur d'un public nombreux. Par
ce succès, comme par la forme de son talent et le choix de ses
sujets, il appartenait à cette catégorie de littérateur que l'on
est convenu d'appeler les romanciers populaires »... et il s'en
suivait une courte étude sur ladite littérature qui serait apparue
vers 1840, à travers l'évocation des noms des principaux écrivains
de l'époque, Eugène Sue, Ponson du Terrail, Xavier de Montépin,
Paul Féval, Pierre Maël, Georges Ohnet, Pierre Decourcelle, et
Gaston Leroux. En conclusion, Tout Paris ajoutait : « On
aurait tort de médire du Roman Populaire et de dénigrer un genre
que les dédaigneux seuls doivent traiter de subalterne. Il met en
valeur une des qualités de notre race qui est de conter, et il
satisfait un des goûts qui est d'aimer l'action dans la fable comme
dans la vie. Il renoue avec une tradition, il est la chanson de geste
du Français contemporain. »
Le
Figaro du dimanche 12 avril
1914 (n°102) retrace avec bon nombre de détails sur la famille, les
amis et les autorités présentes la cérémonie des obsèques de
Pierre de Sales qui eut le samedi après-midi à l'église de la
Trinité. Après la cérémonie religieuse, le cortège des personnes
qui accompagnèrent le romancier à sa dernière demeure dans le
cimetière de St Vincent à Montmartre vint donc lui rendre un
dernier hommage. Le Figaro précise : « Des couronnes
avaient été envoyées par la Société des Gens de Lettres, la
Société des Auteurs dramatiques, les Hauts-Pyrénéens à leurs
compatriotes, la Société de secours et de retraite du personnel du
Petit-Journal à son bienfaiteur, etc... Le deuil était conduit par
MM. Maurice Bauche, gendre du défunt ; le docteur Bernard de
Sales, son frère ; le docteur Le Tellier, son beau-frère, et
ses cousins. » Dans l'assistance, outre des personnalités et
des connaissances dont nous ne donnerons pas les noms, on pouvait
noter, au niveau littéraire, la présence de M. et Mme Jules Mary,
Marc Mario, Gustave Toudouze, Ernest Flammarion, Poulbot, Henry
Kéroul, et Armand Lévy. L'inhumation au Cimetière St Vincent à
Montmartre se fit après les discours prononcés par M. Jean Julien,
délégué de la Société des Gens de Lettres et par Adolphe
Brisson, au nom de la Société de la Critique dramatique. Un
compte-rendu très proche fut fait par L'Echo de Paris
(n°10835) à la même date.
Sa tombe existe toujours au
cimetière St Vincent dans la 5e Division.
Pierre Sales avait écrit une
soixantaine de romans et en laissait une dizaine inachevés ou
terminés (le doute reste encore puisque les journalistes émettent
des avis différents suivant les compte-rendus) montrant par là,
combien il avait été un écrivain prolifique et une bonne partie de
son œuvre lui avait permis de créer de nombreuses adaptations pour
le Théâtre qui toutes avaient été très bien accueillie.
Charles Moreau
Le 8 août 2013
Copyright août 2013
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