SUR UNE VICTOIRE DE LA NASA
A l'heure où le champion olympique de natation Yannick
Agnel déclare à la télévision française (LCI, je crois) qu'il
lit beaucoup et qu'il a comme livre de chevet le célèbre roman de
A. E. van Vogt, Le Monde du non-A, traduit par Boris Vian, à
l'heure où Curiosity (qui n'est pas « un petit robot » :
il pèse presque une tonne et est de la taille d'une voiture) se pose
sur la planète Mars après un voyage de 7 ou 8 mois dans une
prouesse remarquable à la fois d'effort et de collaboration
internationale, à l'heure où la Quinzaine Littéraire sort en ce
début août un magnifique numéro spécial sur la Science-fiction
sous le titre Ecrire le Futur, il est bon de sentir que des
années de littérature dans notre domaine ont abouti à une
reconnaissance certaine.
Dans les années cinquante les romanciers du Fleuve
Noir nous entraînaient dans l'espace en direction de Pluton comme si
c'était au coin de la rue et la conquête de l'Espace, « c'était
pour demain ». Certains même soutenaient avec beaucoup
d'ironie que La Sortie est au fond de l'espace (Jacques
Sternberg) alors que Présence du Futur démarrait presque.
Mais il a fallu déchanter : tout s'est avéré très différent
et beaucoup plus difficile que les anticipateurs ne l'imaginaient.
Très peu ont prévu réellement l'évolution des progrès
technologiques qui seraient freinés par des considérations de
rentabilité extrême qui ont abouti à envoyer des machines jusque
dans l'espace le plus profond plutôt que des êtres humains tant le
problème était redoutable. L'épisode des soucoupes volantes a
continué de nourrir l'imaginaire, mais d'Extra-terrestres point pour
nous dire comme dans le célèbre film, Le jour où la Terre
s'arrêta, arrêtez vos disputes nous vous observons. Même leurs
humeurs belliqueuses ont été révisées à la baisse encore que H.
G. WELLS fasse toujours des dégâts avec l'aide stupide des
scénaristes hollywoodiens toujours en retard d'une ou de dix messes
et prêts à rabacher les succès qui font l'argent. La guerre des
mondes n'aura jamais lieu et la machine à faire peur a trouvé
d'autres objectifs du côté du fantastique avec ses cohortes de
mauvais romans de vampires, de loups-garous et de morts-vivants qui
ne font peur qu'aux adolescents encore que ceux-ci veulent des
croisements génétiques impossibles entre lesdites bestioles et la
race humaine auxquelles se sont ajouté les fées, les trolls et
autres monstres issues des mythologies aberrantes.
Curiosity, même s'il ne parcourt que quelques
kilomètres sur Mars nous emmènera très loin avec des bonds de
millions d'années dans le passé pour savoir si la vie y a fait un
passage même bref, et pour savoir si nous avons intérêt à y
aller... Peut-être aurons-nous alors la volonté de nous rabattre
sur notre proche banlieue, la lune et les astéroïdes, plus
prometteurs que nous pourrions l'imaginer...
La Quinzaine fait un bilan utile avec d'excellents
collaborateurs sur une des plus brillantes littératures de notre
siècle et c'était nécessaire à l'heure où les éditeurs très
peu vaillants en dehors de quelques uns laissent dépérir les rêves
millénaires de l'humanité qui a toujours contemplé les étoiles
car c'est là qu'est son avenir l'imaginaire comme le véritable.
Charles Moreau
Copyright août 2012.
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