jeudi 31 juillet 2008

QUAND COPLAN RENCONTRE BERGIER...


Dessin original de J.C. Claeys pour Jacques Bergier Résistant et scribe des miracles.

Beaucoup d’affaires de COPLAN sont en relation avec les secrets de l’énergie atomique dans le début des années 60. Afin d’éclaircir l’authenticité de documents qui ont échoué entre les mains de l’Agent FX 18, PAUL KENNY lui fait rencontrer l’honorable scientifique qu’est JACQUES BERGIER (Indicatif FX 18, n°381, 1963). Je ne résiste pas à vous communiquer le texte de la rencontre (P. 182). On y verra comment l’auteur imagine cette consultation entre un personnage fictif et un personnage réel et comment il s’implique lui-même dans les lieux pour expliquer comment il connaît le restaurant en question…

« Le lendemain, à 13 heures, Coplan et Jacques Bergier se rencontraient au restaurant RUC du Palais Royal.

Bergier, sa serviette sous le bras, ressemblait plus que jamais au célèbre professeur Tournesol si bien imaginé par Hergé.

- Je vous croyais au Pérou, dit-il en serrant la main de Francis et en examinant celui-ci de ses yeux vifs et mobiles derrière ses lunettes. C’est notre ami Kenny qui m’a raconté cela, nous avons déjeuné ensemble, ici-même, il y a une quinzaine de jours.

- C’était peut-être vrai à l’époque, répondit Coplan, souriant. Heureusement, je ne me trouve jamais à l’endroit où je suis censé me trouver… Voyons d’abord le menu…

Bergier, supersonique en toute chose, fixa son choix en moins de quatre secondes. Le maître-d’hôtel eut quelques peines à le suivre. Coplan pesa plus longuement la composition de son repas.

Après le départ du maître-d’hôtel, Coplan demanda à son ami :

- Quelle est actuellement la principale de vos deux mille activités simultanées ?

- Je m'occupe d'une encyclopédie... Vaste, passionnante !

- Excellent terrain de manœuvre pour votre cerveau planétaire !... A propos, merci d’avoir accepté si promptement mon invitation. Elle n’est pas désintéressée, vous vous en doutez ?

- Je l’espère bien. J’ai horreur de perdre mon temps. De quoi s’agit-il ?

- Je me trouve devant un problème que je n’avais pas encore rencontré au cours de ma carrière… Un quidam désire vendre des informations scientifiques à la France, mais j’ignore si l’offre est sérieuse et, de plus, je ne connais pas l’adresse de mon vendeur. C’est un Anglais, il s’appelle Steve Johnson, mais ce sont là des indications non contrôlées.

Coplan extirpa de sa poche les épreuves 18 X 24 qu’il avait plié en deux pour les transporter plus facilement.

- Voici les agrandissements de quatre micro-fiches que le vendeur nous propose.

Jacques Bergier ajusta ses lunettes, parcourut les photos à la vitesse d’une tête liseuse électronique.

- Bien … très bon … très bon … mais ce n’est qu’une amorce… une amorce qui indique des renseignements ultérieurs … Oui, une amorce très intéressante… Trois ou quatre années de tâtonnement à gagner, des milliards d’économies…

Il leva ses yeux vers Francis :

- Vous n’avez pas la suite ?

- Non.

- Dommage… oui, dommage… Ceci, c’est un fragment dont la totalité nous donnerait la composition des barrières des diffuseurs utilisés dans les usines de séparation isotopiques. C’est formidable mais incomplet également : système de fixation des barrières à l’intérieur des diffuseurs… Oui… Oui… voici des équations relatives à la vitesse de diffusion…

Il regarda une dernière fois les quatre agrandissements, les regroupa, les plia pour les restituer à Coplan.

- C’est très valable, conclut-il. Et si vous êtes en mesure d’obtenir la suite, cela vaut des fortunes… Vous n’avez pas montré cela au ministre de la Recherche Scientifique ?

- Non. Personne encore n’a vu ces clichés en France.

- Votre vendeur a dû piquer ces renseignements aux Etats-Unis. Ce sont des informations qui font partie des secrets atomiques que Washington refuse de nous communiquer en vertu de la loi Mac Mahon. A votre place, Coplan, je ne raterais pas l’occasion.

- Merci, mon cher Jacques, murmura Francis, mi-figue, mi-raisin. Je ne demande qu’à suivre votre conseil. Malheureusement, comme j’ignore l’adresse de ce Steve Johnson, je ne suis nulle part… A propos, vous qui savez tout ou presque tout, ce nom ne vous dit rien, par hasard ?

- Si, ça me dit quelque chose, Steve Johnson est le nom d’un personnage de science-fiction… C’est un roman américain des années 50-51… C’est l’histoire d’un savant qui a fait naufrage et qui enferme ses secrets dans une bouteille qu’il jette à la mer… En réalité, vous trouverez au moins dix mille Steve Johnson en Grande-Bretagne, sans compter ceux du Commonwealth… »

On le voit les idées de Jacques Bergier à cette époque n’étaient pas très favorables aux Américains et encore moins aux Russes ; les américains refusaient la communication des secrets atomiques à la France et les Russes les suivaient sur ce plan-là. Au demeurant, peu de temps après l’assassinat de John F. Kennedy (1963), de Gaulle demanda aux Forces de l’OTAN de se retirer de France (1966). Enfin sachez que grâce à l’étourdissant savoir faire de Coplan, ces secrets atomiques seront finalement obtenus par notre pays et que les mystères de Berne seront résolus grâce à un allié inattendu.



CHARLES MOREAU



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