mercredi 9 juillet 2008

POUL ANDERSON : UNE BIOBIBLIOGRAPHIE FRANCAISE

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Poul Anderson, Heicon 1970 - Photo Charles Moreau



C'est d'un superbe ouvrage, Orphée aux Etoiles, écrit par Jean-Daniel Brèque, qui met enfin la totalité de l' oeuvre de Poul ANDERSON en valeur et qui la réhabilite que je veux vous parler aujourd'hui : les nouvelles de cet écrivain ont été largement traduites en France dès les années cinquante grâce à la revue FICTION pour le plus grand plaisir des lecteurs français mais l'ostracisme qui l'a frappé dans son oeuvre purement romanesque, nous a bel et bien privé d'une partie fort intéressante de ses écrits et semble bien partir aussi de cette revue où ces mêmes nouvelles furent publiées. Je restais toujours avec le regret de ne pas voir ses livres les plus intéressants que nous présentaient les chroniqueurs de l’époque enfin traduits par les éditeurs et avec le temps je m’étais dit que c’était peine perdue que d’espérer de ce côté-là pour cet auteur comme pour Henry Kuttner par exemple.


POUL ANDERSON et la HEICON 70.


J’ai eu l’occasion de rencontrer Poul ANDERSON à deux reprises. La première, c’était à Heidelberg, en 1970, au cours de la 28e World SF convention (HEICON). Peu de Français y assistaient mais Jacqueline OSTERRATH (LUNATIQUE) était présente et fit tout pour aider les quelques fans français qui étaient venus rencontrer les écrivains de SF les plus importants de l’époque : Robert SILVERBERG, invité d’honneur, Jack WILLIAMSON, Jack VANCE, John W. CAMPBELL, Daniel F. GALOUYE, E. C. TUBB, Robert ABERNATHY, Allan E. NOURSE, Harry HARRISSON, Donald WOLLHEIM, James BLISH, John BRUNNER, Herbert W. FRANKE, entre autres et bien sûr Poul ANDERSON. Un écrivain français avait vu l’importance de la manifestation, c’était le jeune Jean-Pierre ANDREVON, auréolé de la gloire toute neuve de son roman GANDAHAR. A lui seul, il tint table ronde et narra ses difficultés pour percer, face à des éditeurs peu cléments pour l’époque. Ce fut une superbe manifestation dans le cadre exceptionnel de la ville d’HEIDELBERG. Jacques Bergier avait été invité preuve de sa notoriété : une lettre dans ses archives en témoigne. Mais il ne vint pas, pas plus que Pierre VERSINS que l’Allemagne avait traumatisé pour longtemps (c’est ce qu’il me confia plus tard) mais qui reconnut dans son Encyclopédie (1972) que HEICON était vraiment internationale ; les critiques et écrivains français de l’époque brillèrent par leur absence et dirent par la suite qu’ils n’avaient pas été invités. Bref quelque chose les avait froissés. Etaient présents au niveau du fandom français, outre Mme OSTERRATH, Henri Luc PLANCHAT et son ami Philippe R. HUPP (L’Aube Enclavée), Daniel RICHE (Nyarlathotep) et les membres de la BEM de Rouen (Aldébaran). Cette année-là, ce fut Ursula K LE GUIN qui remporta le HUGO 70 avec un roman qui devait devenir un classique, La Main gauche de la nuit.


ANDERSON et la SEACON 79


Ma seconde rencontre devait se dérouler dans le cadre d’une autre Convention mondiale, en août 1979, à BRIGHTON en Angleterre. A cette époque, Poul ANDERSON n’avait que 11 romans traduits en français dont deux courts romans réunis en un volume. C’était peu si l’on considère qu’il avait déjà quelque 80 volumes de publiés aux USA. Avec Richard NOLANE, nous le questionnâmes avec plaisir sur son œuvre. Ce fut la seule interview de lui qui devait paraître en français en fin de l’anthologie que NOLANE réalisa pour Alain DOREMIEUX en 1982 et qui parut sous le titre Les Abimes Angoissants de Poul ANDERSON. Il faudra attendre 1988 pour qu’on le juge enfin digne d’avoir un Livre d’Or chez POCKET qui parut grâce aux efforts de Marc DUVEAU.


C’est donc un travail minutieux d’analyse et de réflexion sur l’œuvre de ce « Barde du Futur » comme on l’a appelé dans les débuts de la revue FICTION que s’est livré Jean-Daniel BREQUE en reconstituant la genèse et le parcours d’une œuvre qui repose sur une analyse de l’Histoire remarquable ainsi que sur le destin de notre Humanité. A ce titre, il faut saluer cette biobibliographie car elle efface les erreurs d’une époque et resitue le travail magistral de Poul ANDERSON dans un contexte on ne peut plus actuel. Et s’il nous faut remercier Les Moutons électriques, il nous faut aussi remercier Alain DOREMIEUX, Jacques van HERP et Richard D. NOLANE pour le travail accompli.

Charles MOREAU


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