mercredi 7 novembre 2012

GILBERT GALLERNE ET LE POLAR


GILBERT GALLERNE AU PAYS DES OMBRES
Tous comptes faits, c'est un polar de facture classique, avec une enquête presque linéaire, mais comme l'on devait s'y attendre avec Gilbert Gallerne, qui adore le thriller et l'épouvante, cette limpidité de l'enquête entraîne le lecteur vers un phénomène de société qu'on cerne de mieux en mieux à notre époque et qui plonge dans les abîmes de l'horreur...
Voilà un brave capitaine de police qui ne se remet pas du suicide de son épouse avec laquelle il n'avait aucun contentieux sinon que d'essayer d'être un bon flic. Et le mystère commence et lui s'enfonce dans les vapeurs engourdissantes de l'un de ces pseudo remèdes, vieux comme le monde, qui font oublier et que notre société accepte avec beaucoup trop d'indulgence au point qu'une grande partie de sa jeunesse s'y plonge d'une triste manière comme dans un jeu : l'alcool. Lui, n'accepte la sollitude que parce qu'il ne comprend pas le coup qui lui a été assené. On l'a soupçonné mais le suicide était évident jusqu'à l'incompréhension. En fait, le héros de l'histoire vit constamment sur le fil du rasoir et si le lecteur en a conscience à chaque instant, cet homme découvre sa situation toujours avec un décalage.
Et puis la mécanique à broyer se remet en marche, un an après, avec l'assassinat d'un garagiste minable sortant de prison pas très loin de la résidence de vacances de Vincent Brémont et de sa petite fille, Julia, âgée douze ans qui est devenue presque la conscience de son pauvre père. Brémont ne connaît en rien cet homme. Seulement voilà, dans l'une des poches de la victime, il y avait sur un morceau de papier, son adresse à Cabourg. Que lui voulait cet inconnu ? A partir de cette mort étrange, l'enquêteur de Gilbert Gallerne mènera, tant bien que mal, une recherche exemplaire pour découvrir la vérité, tout en luttant pour remonter la pente et affronter avec son impulsivité ses propres démons et ceux des autres... Car dans cette affaire le mal règne et ne laisse rien au hasard.
Tel que Gilbert Gallerne a conçu son personnage, il faut bien reconnaître qu'il est attachant avec ses faiblesses et sa volonté de réagir contre ce qui le ronge. L'intrigue est savemment menée, ainsi que le dénouement.
Pour un premier polar, c'est un bon prix, bien mérité car l'oeuvre de Gilbert Gallerne est déjà considérable ! Et ce prix récompense tout son talent.
Quelques mots de Gilbert Gallerne que je connais depuis longtemps et à qui je veux rendre hommage pour sa constance et sa volonté sans faille. Je l'ai rencontré vers la fin des années soixante dix, alors que la fabuleuse collection Angoisse du Fleuve noir qu'il possédait presque dans son intégralité venait de s'achever et que Stephen King, que nous admirions tous, débutait avec éclat et talent. Gilbert Gallerne m'a aidé lorsque je travaillais, au début des années quatre vingt, à la rédaction des trois revues de bandes dessinées : Ere Comprimée, Fantastik et Thriller. Il a été un collaborateur remarquable ainsi que Pierre K. Rey et Richard D. Nolane. Il a fourni nouvelles, critiques, interviews d'écrivains américains et non des moindres, toujours avec maîtrise et dans les délais. Gilbert Gallerne est quelqu'un sur qui l'on peut compter. Et pour cela, je lui en suis profondément reconnaissant.
Charles Moreau

1 commentaire:

Hectorvadair a dit…

Bonjour et merci pour ce blog.
Humble amateur de fantastique et de SF en bande dessinée, ainsi que de tous ces dessinateurs merveilleux tels Wrightson, Corben, Wood, Ortiz, Heath...etc.
Je travaille actuellement (à mes heures "perdues" on va dire) et depuis quelques mois sur le dépouillement des revues Ere comprimée, Fantastik, .. Creepy, Vampirella.. via un site et un blog :
http://www.berniewrightson.fr
et http://berniesblog.hautetfort.com/

Serait-i possible d'envisager une interview afin de connaître un peu mieux votre travail dans certaines de ces revues et le pourquoi du comment à l'époque ?
Merci d'avance de votre réponse.